Après le bla bla, un BO enfin
!!!
B.O. n°6 du 7-2-2002
MISE EN ŒUVRE D'UN PLAN D'ACTION
POUR LES ENFANTS ATTEINTS D'UN TROUBLE SPÉCIFIQUE DU LANGAGE ORAL OU ÉCRIT
C. n° 2002-024 du 31-1-2002NOR
: MENB0200174CRLR : 514-5MEN - BDC - MES - REC
o La
maîtrise de la langue orale et écrite constitue l'enjeu central de toute
scolarité et, au-delà, un élément essentiel de l'exercice de la citoyenneté.
Le développement de compétences langagières et linguistiques est un facteur déterminant
dans l'élaboration des processus de communication et de conceptualisation. Il
fait, à ce titre, l'objet d'une attention particulière de la part des parents,
ainsi que des professionnels, enseignants en particulier, concernés par l'éducation
du jeune enfant. En effet, toute difficulté persistante présentée par un élève
en ce domaine est susceptible d'induire des conséquences dommageables sur son développement
personnel et scolaire. C'est la raison pour laquelle, dès l'école maternelle,
la manifestation de difficultés requiert la vigilance et un ajustement de
l'action pédagogique.
Pour certains enfants cependant, cette action conduite dans le cours normal des
activités de la classe ou de l'école, s'avère insuffisante ou inefficace.
Lorsque l'ensemble des signes d'alerte manifestés par un élève laisse à
penser que les difficultés qu'il rencontre peuvent être en rapport avec des
troubles spécifiques du langage oral ou écrit, il est indispensable de
mobiliser les compétences d'une équipe pluridisciplinaire capable
d'approfondir les examens et d'établir, dans les meilleurs délais, un
diagnostic fiable. Les enfants porteurs de tels troubles nécessitent en effet
une prise en charge précoce et durable, parfois tout au long de leur scolarité.
DÉFINITION DES TROUBLES SPÉCIFIQUES DU LANGAGE ORAL ET ÉCRIT
Les troubles spécifiques du langage oral et écrit (dysphasies, dyslexies)
qui font l'objet de cette circulaire sont à situer dans l'ensemble plus vaste
des troubles spécifiques des apprentissages qui comportent aussi les
dyscalculies (troubles des fonctions logico-mathématiques), les dyspraxies
(troubles de l'acquisition de la coordination) et les troubles attentionnels
avec ou sans hyperactivité.
On estime à environ 4 à 6 % les enfants d'une classe d'âge, concernés par
ces troubles pris dans leur ensemble, dont moins de 1 % présentent une déficience
sévère.
Leur originalité tient à ce que ceux-ci ne peuvent être mis en rapport direct
avec des anomalies neurologiques ou des anomalies anatomiques de l'organe
phonatoire, pas plus qu'avec une déficience auditive grave, un retard mental ou
un trouble sévère du comportement et de la communication. Ces troubles sont
considérés comme primaires, c'est-à-dire que leur origine est supposée développementale,
indépendante de l'environnement socio-culturel d'une part, et d'une déficience
avérée ou d'un trouble psychique d'autre part.
LES OBJECTIFS DU PLAN D'ACTION
Le plan global proposé doit permettre un meilleur repérage et dépistage
ainsi qu'une prise en compte plus efficace des troubles
spécifiques du langage, notamment dans le cadre de l'école. Il doit donner la
possibilité, aux parents de ces enfants, d'accéder, dans des délais
raisonnables, à un diagnostic précis assorti d'une prise en charge appropriée
à chaque situation.
L'objet du présent texte est de préciser les modalités qui doivent présider
à l'élaboration de ces différentes démarches. Il s'articule autour de trois
objectifs prioritaires :
- connaître et comprendre ces troubles ;
- assurer la continuité des parcours scolaires ;
- organiser les réponses.
I - Connaître et comprendre ces troubles
L'identification des troubles spécifiques
du langage s'inscrit le plus souvent dans le contexte particulier de l'école et
des apprentissages fondamentaux. Dans certains cas cependant, en amont de
l'action pédagogique du maître, ont pu avoir lieu des interventions préventives
des professionnels de santé consultés par les familles. Il est souhaitable
alors que l'école en soit informée, si possible dans l'échange qui s'établit
à l'occasion de la première inscription à l'école.
En tout état de cause, le principe du libre choix des familles, tout au long de
leurs démarches de consultation, doit ici être rappelé.
De même, chaque intervenant veille, dans le cadre de son exercice, au respect
du secret professionnel qui s'impose dans l'intérêt de l'enfant et des
familles.
I.1 Prévenir sans stigmatiser
En milieu scolaire, le repérage est rendu complexe par le fait que, dans une
première approche, les manifestations de ces troubles, sauf dans les cas très
sévères d'atteinte du langage oral, ne sont pas radicalement différentes de
celles qui peuvent se présenter chez nombre d'élèves.
En effet, la nature et la forme des difficultés relatives au langage oral ou écrit
sont multiples, leur intensité variable, leurs origines souvent incertaines.
Nombre d'entre elles sont transitoires, en lien avec la situation scolaire qui
confronte l'enfant à un contexte social nouveau, plus ou moins éloigné de
celui qu'il vit dans sa famille, ainsi qu'à des apprentissages dont il peut, à
certains moments, mal percevoir le sens et la finalité parce qu'ils sont différents
de ceux qu'il a pu effectuer de manière spontanée.
L'identification des troubles spécifiques du langage n'est pas aisée parce que
les difficultés observées dans le domaine de la maîtrise de la langue orale
et écrite, peuvent revêtir une pluralité de significations. C'est pourquoi l'école
doit se garder d'un double écueil, celui de la banalisation comme celui de la
stigmatisation. Les réponses ne peuvent être trouvées que dans la réflexion
menée par l'équipe éducative, associant nécessairement à l'enseignant les
personnels des réseaux d'aides spécialisées, le médecin et l'infirmière de
l'éducation nationale, ainsi que les parents de l'élève.
Il apparaît nécessaire de développer dès l'école maternelle des actions de
prévention et de repérage des enfants présentant des signes d'alerte pouvant
évoquer des troubles spécifiques du langage. Ces actions de prévention se
fondent sur une pratique pédagogique diversifiée et structurée, centrée sur
l'acquisition de la langue orale. Elles doivent s'adresser à tous les enfants,
a fortiori à ceux qui présentent des risques de difficultés ou des symptômes
de trouble du langage. Elles prennent appui sur la connaissance fine des élèves
par le maître.
Afin de faciliter la tâche des équipes pédagogiques, les objectifs
d'apprentissage du langage seront clarifiés dans les nouveaux programmes pour
l'école primaire ; des recommandations relatives à la différenciation pédagogique
et à l'évaluation des compétences des élèves seront incluses dans les
documents d'accompagnement de ces nouveaux programmes.
Par ailleurs, des outils d'évaluation pour le langage oral et l'entrée dans le
langage écrit en grande section de maternelle et en cours préparatoire, élaborés
au plan national, commencent à être diffusés aux maîtres. Les protocoles
nationaux d'évaluation en cours élémentaire 2ème année et en classe de 6ème
seront enrichis d'exercices nombreux et variés afin de permettre aux
enseignants de ces classes, en collaboration avec les membres du réseau d'aides
spécialisées aux élèves en difficulté (RASED), d'analyser plus précisément
les difficultés rencontrées par les élèves dans l'apprentissage du langage
oral et écrit.
I.2 Repérer, dépister, diagnostiquer
Le regard du professionnel de l'enseignement, qu'est le maître de la classe,
conjugué à celui des membres du RASED, permet de repérer les élèves présentant
des signes d'alerte. Il est alors indispensable que, dès ce moment, soient
engagés avec les parents les échanges nécessaires afin de les informer et de
les associer aux démarches d'aides entreprises au sein de l'école. Ils peuvent
ainsi aider à préciser les manifestations éventuelles observées dans le
milieu familial. Ces échanges réguliers avec les parents et la qualité des
informations qui leur sont données par tous les professionnels concernés
constituent l'une des conditions premières de l'efficacité des démarches
entreprises.
À partir de ce repérage, un médecin de PMI ou un médecin de l'éducation
nationale, selon l'âge de l'enfant, effectue un dépistage.
Le premier dépistage sera réalisé par le médecin de PMI, à l'occasion du
bilan de 3-4 ans, sur la base des informations fournies par l'enseignant, la
famille, les membres des RASED. Une attention particulière devra être apportée
à l'effectivité de ce bilan de 3-4 ans dont le taux de couverture est
actuellement très variable selon les départements.
Un second dépistage sera organisé dans les mêmes conditions, auprès des
enfants de 5-6 ans, par le médecin de l'éducation nationale. L'article L.
541-1 du code de l'éducation prévoit en effet que tous les enfants soient
obligatoirement soumis à une visite médicale au cours de leur sixième année
: ce bilan de santé est déjà réalisé par les médecins et infirmières de
l'éducation nationale avec un taux de couverture de 92 %. Il convient de le
faire évoluer afin qu'il soit clairement un moyen d'explorer les capacités
langagières des enfants et qu'il puisse conduire à un échange entre la
famille, les professionnels de santé et les professionnels de l'enseignement.
À cette fin, des outils d'évaluation et de dépistage des troubles du langage
feront l'objet de recommandations par une commission d'experts
pluridisciplinaire qui précisera également les modalités d'utilisation et
d'interprétation des données. On constate, en effet, que les méthodes proposées
en France à ce jour sont récentes et parfois non validées. Certains travaux
sur le sujet ont cependant déjà été engagés. Il est possible de les
consulter sur le site Internet de l'Agence nationale d'accréditation et d'évaluation
en santé (ANAES).
Pour une meilleure efficacité du dépistage dès l'école maternelle, il
convient enfin de renforcer la continuité entre la protection maternelle et
infantile et la médecine de promotion de la santé en faveur des élèves. La généralisation
de la transmission du dossier médical de liaison rempli par la PMI (institué
par l'arrêté interministériel du 18 août 1997 publié au JO du 2 septembre
1997) permet d'assurer, en lien avec les familles, le suivi prioritaire des
enfants nécessitant une attention particulière.
Enfin, si les difficultés d'apprentissage de la lecture n'ont pas suscité d'études
approfondies antérieurement, à l'occasion de l'évaluation en début de CE2,
la situation des enfants présentant des compétences faibles en lecture fera
l'objet d'un examen attentif.
À l'issue des investigations réalisées en milieu scolaire, les parents sont
invités, si nécessaire, à consulter pour leur enfant des professionnels de
santé afin qu'un diagnostic soit établi. Ce diagnostic, pluridisciplinaire,
s'appuie toujours sur un bilan médical, orthophonique et psychologique afin d'éliminer
tout déficit sensoriel, pathologie neurologique, trouble cognitif non verbal,
trouble envahissant du développement ou des carences importantes dans
l'environnement de l'enfant. Il doit permettre de préciser le caractère spécifique
du trouble et sa sévérité, d'éliminer ou de préciser un éventuel trouble
associé et d'indiquer les modalités de prise en charge. Ces bilans peuvent être
faits en ville auprès de professionnels de santé ou, pour les cas complexes,
dans des centres de référence hospitaliers dont la liste établie par la
direction de l'hospitalisation et de l'organisation des soins (DHOS) sera régulièrement
publiée par le Comité français d'éducation pour la santé (CFES).
La coopération entre les professionnels à des fins d'échanges, d'informations
et d'élaboration de projets (notamment coordination des différentes étapes de
repérage, de dépistage et de diagnostic et mise en œuvre des mesures de prise
en charge) est ici essentielle.
En d'autres termes, la qualité du repérage, du dépistage et du diagnostic
d'enfants porteurs d'un trouble spécifique du langage, constitue une étape
essentielle et déterminante pour définir les meilleures conditions d'une prise
en charge individualisée.
II - Assurer la continuité des parcours scolaires des élèves
Il s'agit évidemment de privilégier
une scolarité au plus proche du milieu ordinaire, accompagnée à la mesure des
besoins de l'enfant, sans exclure les prises en charge spécialisées si nécessaire,
mais en évitant absolument d'engager les élèves dans des filières rigides
tout au long du parcours scolaire.
Sauf exception, liée à des cas graves associant plusieurs déficiences, les élèves
présentant des troubles spécifiques du langage n'ont pas vocation à effectuer
l'ensemble de leur scolarité dans un établissement spécialisé.
Lorsque le diagnostic est établi, il est indispensable d'élaborer un projet
individualisé de scolarisation, adapté à la nature et à la sévérité des
troubles. Ce projet doit faire l'objet d'un suivi, non seulement tout au cours
de la scolarité primaire, mais également durant la scolarité secondaire car
les difficultés persistantes dans la maîtrise de l'écrit constituent bien évidemment
une entrave durable pour l'acquisition et l'évaluation des connaissances
scolaires.
La prise en charge satisfaisante de ces élèves en milieu scolaire, dès lors
que les troubles présentés sont graves, ne peut s'effectuer sans qu'un
partenariat soit établi avec les personnels spécialisés intervenant dans le
domaine des soins et des rééducations. Cette prise en charge suppose en effet
la mobilisation d'une équipe pluridisciplinaire.
II.1 Les modalités de prise en charge
Dans une majorité de cas, l'existence de troubles spécifiques du langage est
compatible avec une scolarité dans une classe ordinaire, moyennant une
information satisfaisante des enseignants. Cette information doit leur permettre
de mieux appréhender l'impact de ces troubles sur les différentes situations
d'apprentissage (séquences mobilisant des supports écrits, productions écrites
de l'élève, apprentissage des langues vivantes étrangères, ...) et d'en
tenir compte lors des évaluations. Il convient en effet que l'enseignant aide
l'élève à conserver la confiance dans ses capacités et à concentrer ses
efforts sur des objectifs adaptés. Il peut ainsi maintenir un niveau
d'exigences raisonné, suscitant chez l'élève la motivation nécessaire pour
compenser les difficultés qui sont les siennes.
Ces aménagements pédagogiques doivent permettre au plus grand nombre d'élèves
de suivre une scolarité ordinaire. Ce n'est que pour certains d'entre eux, présentant
des troubles sévères et, le plus souvent, pour une durée déterminée qu'une
prise en charge plus globale dans un établissement spécialisé s'avère
indispensable.
En conséquence, le déroulement de la scolarité peut s'effectuer :
Pour la majorité des enfants et des adolescents concernés :
- dans une classe ordinaire avec des stratégies pédagogiques diversifiées ;
l'enseignant veille à ce que les situations d'apprentissage qu'il propose
soient suffisamment variées pour permettre aux élèves d'exercer leur compréhension
et de manifester les compétences qu'ils ont acquises, en dépit de leurs
difficultés.
- dans une classe ordinaire, conjuguant une adaptation de l'enseignement avec
des interventions des membres du réseau d'aides spécialisées (RASED) et un
suivi par les médecins de l'éducation nationale en lien avec des dispositifs
d'accompagnement médico-social, ou encore des professionnels libéraux. Dans ce
contexte, il n'y a pas lieu de s'opposer à des soins ou à des rééducations
extérieurs à l'école pendant le temps scolaire. En effet, il peut être nécessaire
d'aménager, selon les besoins, les horaires scolaires pour concilier, dans
l'intérêt de l'enfant, scolarisation et interventions spécialisées.
Ces projets individualisés établis en école primaire doivent trouver un
prolongement, adapté à l'évolution des besoins particuliers de chaque élève,
en collège et en lycée. En effet si l'existence de ces troubles n'interdit pas
aux élèves de suivre une scolarité ordinaire, leur impact demeure sensible,
pour nombre d'entre eux, tout au long de leur scolarité.
Pour les enfants ou adolescents présentant des formes sévères (moins de 1 %
des élèves) :
- dans une classe d'intégration scolaire (CLIS) dans une école ordinaire avec
l'aide des services d'éducation spéciale ou de soins, pour une durée variable
selon la sévérité des troubles présentés par chaque enfant ; ce dispositif
collectif de scolarisation est structuré autour d'un projet pédagogique précis
élaboré pour des élèves présentant des besoins éducatifs suffisamment
proches ; il doit favoriser autant qu'il est possible la participation de l'élève
aux activités d'une classe correspondant à sa classe d'âge. L'objectif est
bien de conforter les apprentissages en langue orale et écrite, d'accroître
l'autonomie de l'élève pour faciliter dès que possible son retour en classe
ordinaire, avec un projet individualisé.
- dans des unités pédagogiques d'intégration (UPI) en collège, également
structurées autour d'un projet pédagogique précis, pour des adolescents présentant
des troubles dont la sévérité exige des aménagements pédagogiques
importants, peu compatibles avec une scolarité à temps plein dans une classe
ordinaire de collège. Cette forme de scolarisation s'accompagne de la
continuation d'une prise en charge par un service d'éducation spéciale ou de
soins.
- dans la classe d'un établissement spécialisé, avec des rééducations et
des interventions thérapeutiques intensives et pluridisciplinaires, dans le
respect des exigences de la scolarisation et de la "vie personnelle"
de l'enfant ou de l'adolescent, si l'intensité des troubles exige une prise en
charge dans un environnement spécialisé. Là encore, ce séjour, sauf
exception, doit avoir une durée limitée (deux à trois ans).
La qualité et la pertinence des prises en charge exigent une mise en cohérence,
avec bilan périodique, des différentes interventions des professionnels.
Qu'elles soient pédagogiques, rééducatives ou thérapeutiques, les prises en
charge nécessitent une évaluation de l'efficacité des méthodes de rééducation,
de "remédiations" ou de compensations pédagogiques utilisées. Elles
requièrent aussi un développement de la recherche appliquée susceptible
d'aider à déterminer des contenus et des moyens de prise en charge.
II.2 Les modalités d'orientation
Toute orientation vers un dispositif collectif d'intégration (CLIS, UPI), a
fortiori vers un établissement spécialisé, requiert la décision d'une
commission de l'éducation spéciale : commission de circonscription préscolaire
et élémentaire (CCPE), commission de circonscription du second degré (CCSD)
ou commission départementale d'éducation spéciale (CDES), selon les cas.
Par ailleurs, pour faciliter le travail des CDES dans l'évaluation des
situations les plus lourdes susceptibles de constituer un réel handicap et de nécessiter
une éducation spéciale contraignante, des consignes réactualisées portant
sur l'usage du guide barème pour l'évaluation des déficiences et des
incapacités leur seront données, en application des indications élaborées
par le comité de suivi du guide barème. En effet, dans l'état actuel des
choses, le guide barème comporte un chapitre spécifique concernant les conséquences
des déficiences du langage (sévérité des incapacités et désavantages éventuellement
générés par ces troubles), dont l'application semble peu homogène.
II.3 Les modalités d'évaluation des compétences
Tout au long de la scolarité, il est nécessaire de veiller aux conditions
(temps, supports, etc.) et aux critères d'évaluation pour les élèves
porteurs de troubles spécifiques du langage. Afin d'éviter que ne s'installe
un vécu global d'échec chez ces élèves, on s'attachera à distinguer, dans
leurs productions, les acquisitions réelles dans les différentes disciplines
et l'impact des troubles sur la qualité de l'expression.
Les conditions de passation des examens sont actuellement en cours d'aménagement
; elles doivent garantir le respect de l'anonymat et la valeur des diplômes
scolaires, professionnels ou universitaires.
III - Organiser les réponses
Pour mener à bien ce plan
d'action, il est nécessaire d'articuler plusieurs volets :
- mobiliser des ressources de manière cohérente sur un territoire, le département
dans certains cas, la région dans d'autres ;
- former les personnels pour favoriser les coopérations ;
- encourager des études et des recherches.
III.1 Mobiliser des ressources
Au plan départemental
Une meilleure prise en compte des besoins des élèves présentant des troubles
spécifiques du langage devra requérir, dans certains cas, une adaptation des
dispositifs pédagogiques spécialisés, voire une extension des places
d'accueil en établissements ou en services spécialisés agréés. Les groupes
de coordination départementaux Handiscol constituent l'instance d'analyse de
ces besoins et d'élaboration éventuelle de propositions.
Parallèlement, les inspecteurs d'académie, directeurs des services départementaux
de l'éducation nationale (IA-DSDEN) veilleront à favoriser l'élaboration,
avec les présidents des conseils généraux, d'une convention cadre, précisant
les modalités d'intervention et de collaboration des équipes de PMI, des médecins
de l'éducation nationale, des RASED, des enseignants et des autres
professionnels de santé. Cela permettrait de généraliser le dépistage des
troubles spécifiques du langage à l'école lors des bilans de 3-4 ans et de
5-6 ans en sensibilisant, avec l'appui des DDASS, les services du conseil général,
et notamment celui de la PMI.
Une circulaire d'instruction aux services déconcentrés incitera également les
DDASS à identifier, au sein de chaque département, un réseau de
professionnels de santé libéraux compétents pour l'élaboration des
diagnostics et le suivi des prises en charge en lien avec les centres référents
précités.
Les réflexions à mener dans les départements pourront se trouver éclairées
par les conclusions de la mission confiée conjointement à l'IGAS et à l'IGEN
afin d'évaluer le rôle des dispositifs médico social et sanitaire, ainsi que
des dispositifs pédagogiques concernés dans les réponses à proposer aux
enfants porteurs de troubles spécifiques du langage, tant en matière
qualitative que quantitative, pour le dépistage, le diagnostic et la prise en
charge : centres d'action médico-sociale précoce (CAMSP), centres médico-psycho-pédagogiques
(CMPP), établissements et services médico-éducatifs de type services d'éducation
spéciale et de soins à domicile (SESSAD), centres médico-psychologiques,
maisons d'enfants à caractère sanitaire (MECS). Ces conclusions pourront
donner lieu à instructions complémentaires.
Au plan régional
Un appel à projets a été lancé par la circulaire DHOS/01/2001/209 relative
à l'organisation de la prise en charge hospitalière des troubles spécifiques
d'apprentissage du langage oral et écrit, adressée aux DRASS, DDASS et ARH le
4 mai 2001, avec pour objectif d'identifier et de promouvoir, dans les centres
hospitaliers universitaires, des centres référents formés d'équipes
pluridisciplinaires permettant d'élaborer des diagnostics précis, de proposer
des modes de prise en charge et d'envisager des études ou des recherches sur l'évaluation
de ces prises en charge. La liste des centres référents retenus sera régulièrement
mise à jour et consultable sur le site Internet du CFES.
Enfin, afin d'étudier la possibilité de reconnaître les troubles sévères du
langage au titre des affections de longue durée, une procédure de saisine du
Haut Comité médical de la sécurité sociale a été lancée.
III.2 Former les acteurs et favoriser les coopérations
Une information sur le repérage des signes d'alerte et les prises en charge spécialisées,
ainsi qu'une formation aux réponses pédagogiques diversifiées nécessaires
seront intégrées à la formation initiale des enseignants du 1er et du 2nd
degrés (dans le cadre de la maîtrise des langages et quelle que soit la
discipline).
Dans la formation initiale et continue des enseignants spécialisés - options
E, F, G - seront confortées la prise en compte des difficultés d'apprentissage
du langage oral et écrit et les connaissances concernant les troubles spécifiques
du langage en insistant notamment sur les aspects didactiques et pédagogiques.
Des préconisations seront adressées aux centres de préparation des
psychologues scolaires pour renforcer dans leur formation l'approche des
troubles spécifiques du langage.
Par ailleurs, des recommandations seront données aux recteurs quant à l'élaboration
des plans académiques de formation continue, permettant un accroissement des
offres de formation des enseignants du 1er et du 2nd degrés et pluricatégorielles
(enseignement et santé) relatives à l'apprentissage du langage (maîtrise,
difficultés, troubles, remédiations).
De la même manière, la formation initiale des médecins (sensibilisation au
cours du second cycle des études, formation professionnalisante au cours du
troisième cycle) sera enrichie afin d'accroître leurs compétences sur les
troubles du langage.
Le cahier des charges du programme de formation initiale des orthophonistes est
en voie de réactualisation afin notamment de développer les pratiques de
recherche et d'évaluation en orthophonie. De plus, dès l'année scolaire
2001-2002, le nombre d'étudiants à l'entrée du certificat de capacité
d'orthophoniste a été relevé de 50 places. En ce qui concerne les
psychomotriciens, une réflexion est en cours pour améliorer leur formation sur
la prise en charge de ces enfants.
Il est également nécessaire d'intensifier la formation continue des
professionnels de santé en accord avec la commission nationale d'agrément des
formations (pour les médecins) et les fédérations nationales
d'orthophonistes.
La loi relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé
permettra d'orienter la formation médicale continue vers des thèmes de santé
publique tels le dépistage et le diagnostic des troubles du langage, thèmes
qui toucheront non seulement des médecins libéraux installés (généralistes
et pédiatres) mais aussi des médecins salariés (médecins de l'éducation
nationale, médecins de PMI).
S'agissant de la formation continue des orthophonistes, elle permettra de les
former à l'utilisation de nouveaux outils validés et de développer la
recherche et l'évaluation des pratiques professionnelles en orthophonie. Des
propositions ont été faites par la Fédération nationale des orthophonistes (FNO).
Pour mener à bien ces programmes de formation, il convient de constituer un
vivier de formateurs, tant dans le domaine de l'enseignement que dans celui de
la santé, en utilisant en particulier les groupes de recherche universitaires déjà
engagés sur ces problématiques.
Un pôle de ressources, de formation et de recherche en lien avec l'université
et les centres hospitaliers universitaires sera développé dans le cadre de la
réactualisation des missions du Centre national d'études et de formation pour
l'enfance inadaptée (CNEFEI) de Suresnes.
Enfin, pour diffuser plus largement, au-delà des seuls spécialistes,
l'information disponible sur l'existence de ces troubles, leur prévalence, les
indicateurs et les outils permettant de les repérer, ainsi que sur les
possibilités de prise en charge, le CFES a reçu la mission d'élaborer, en
lien étroit avec les associations, un plan de communication vis-à-vis du
public et des professionnels éducatifs, sanitaires et sociaux.
III.3 Encourager des études et des recherches
La qualité de l'expertise dépend en grande partie de la fiabilité des tests
utilisés pour aider les enseignants à repérer et les professionnels de santé
à dépister un trouble et à orienter le bilan. Les objectifs de chacun des
tests disponibles doivent être connus et utilisés à bon escient, chaque fois
qu'un enfant en difficulté aura été repéré.
La mission assignée à la commission technique précitée, composée d'experts
pluridisciplinaires épidémiologistes et cliniciens, d'enseignants et de représentants
des ministères chargé de la santé et de l'éducation nationale, est d'élaborer
pour les professionnels, au plan national, des recommandations sur les outils
validés utilisables chez l'enfant, notamment lors du bilan de 3-4 ans effectué
par la PMI à l'entrée de l'école maternelle et lors du bilan obligatoire de
5-6 ans qu'assurent le médecin et l'infirmière de l'éducation nationale.
Les besoins en matière de connaissance et d'évaluation des pratiques
professionnelles, en particulier en orthophonie, ont été soulignés à
plusieurs reprises et figurent dans les recommandations de l'Agence nationale
d'accréditation et d'évaluation en santé (ANAES). Des actions concourant à
l'évaluation des pratiques professionnelles des orthophonistes dans la rééducation
des troubles spécifiques du langage pourront être financées par le fonds
d'aide à la qualité des soins de ville (FAQSV). Les promoteurs devront présenter
leur projet à un comité de gestion du FAQSV, instance décisionnelle en matière
d'attribution des aides. En fonction du caractère national ou régional du
projet, celui-ci sera transmis par le promoteur aux services de la Caisse
nationale d'assurance maladie des travailleurs salariés (CNAMTS) ou de l'Union
régionale des caisses d'assurance maladie (URCAM).
Seront aussi développées des études épidémiologiques et des programmes de
recherche clinique, notamment dans le domaine de l'évaluation des pratiques de
soins. Un appel d'offres reconductible a été lancé en ce sens par la
circulaire DHOS/2000/641 du 28 décembre 2000 relative au PHRC 2001.
Il sera procédé à des appels d'offres reconductibles de recherche appliquée
en lien entre le ministère de l'éducation nationale et celui de la recherche,
notamment sur les stratégies pédagogiques et sur les contenus didactiques.
Compte tenu de la diversité et de la complexité des mesures à mettre en œuvre,
il est souhaitable d'assurer le suivi institutionnel des mesures arrêtées.
Cette tâche a été dévolue à un comité interministériel, permettant de
consolider le partenariat déjà établi. De même, il semble souhaitable, tant
au plan départemental que régional, de conduire la réflexion dans un cadre
partenarial en associant les associations spécifiquement concernées.
Vous voudrez bien alerter nos services sur
toute difficulté dans la mise en œuvre de la présente circulaire.
La ministre de l'emploi et de la solidaritéÉlisabeth GUIGOULe ministre de l'éducation
nationale
Jack LANGLe ministre de la rechercheRoger-Gérard
SCHWARTZENBERGLa ministre déléguée à la famille,
à l'enfance et aux personnes handicapéesSégolène
ROYALLe ministre délégué à la santéBernard
KOUCHNER
Annexe
RESSOURCES
- Plan d'action pour les enfants atteints
d'un trouble spécifique du langage :
consultable sur : http://www.sante.gouv.fr/htm/actu/index.htm
ou http://www.education.gouv.fr/discours/2001/dyslexie.htm
- Haut Comité de la santé publique, revue trimestrielle de mars
1999 "Actualité et dossier en santé publique" consultable sur : http://hcsp.ensp.fr
- ANAES : Agence nationale d'accréditation
et d'évaluation en santé :
- septembre 1997 : "Indications de l'orthophonie dans les troubles du
langage écrit chez l'enfant"
- mai 2001 : "L'orthophonie dans les troubles spécifiques du développement
du langage oral chez l'enfant de 3 à 6 ans"
Ces deux dossiers sont consultables sur
le site de l'ANAES : http://www.anaes.fr
- Comité français d'éducation pour la santé (CFES)
consultable sur : http://www.cfes.sante.fr